Les TCA chez les hommes : Briser les tabous et les stéréotypes
Les TCA chez les hommes : tabous et stéréotypes
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont souvent perçus comme des problèmes exclusivement féminins. Pourtant, Je constate tous les jours que beaucoup d’hommes sont touchés par ces troubles, mais leur souffrance reste souvent invisible et incomprise. Les hommes ont beaucoup de difficultés à en parler et encore à demander de l’aide. Dans cet article, nous allons explorer les réalités des TCA chez les hommes, déconstruire les mythes qui les entourent et proposer des pistes pour une meilleure reconnaissance et prise en charge.
1. Les TCA, au-delà des stéréotypes de genre
Lorsqu’on évoque les troubles du comportement alimentaire (TCA), l’image qui vient souvent à l’esprit est celle d’une jeune femme luttant contre l’anorexie ou la boulimie. Cette représentation, bien qu’importante, occulte une réalité de plus en plus prégnante : les hommes aussi souffrent de TCA.
Ces troubles, caractérisés par une relation perturbée à la nourriture et à l’image corporelle, ne connaissent pas de frontières de genre. Pourtant, les hommes atteints de TCA font face à des défis uniques, souvent amplifiés par les stéréotypes sociétaux et les attentes liées à la masculinité.
2. Prévalence des TCA chez les hommes : Des chiffres en hausse
Selon des études récentes, la prévalence des TCA chez les hommes est en augmentation constante. Une méta-analyse publiée dans le « Journal of Eating Disorders » en 2022 a révélé que :
- Environ 25% des cas d’anorexie et de boulimie concernent des hommes
- Les hommes représentent jusqu’à 40% des cas d’hyperphagie boulimique
- La prévalence des TCA chez les hommes a augmenté de 50% au cours des deux dernières décennies
Ces chiffres, bien qu’alarmants, sont probablement sous-estimés en raison de la stigmatisation et du manque de reconnaissance des TCA masculins.
3.Troubles alimentaires masculins : les différents
types de TCA chez les hommes
Les hommes peuvent souffrir de tous les types de TCA, mais certains sont plus fréquents ou présentent des particularités :
3.1 Anorexie mentale chez les hommes
L’anorexie chez les hommes se manifeste souvent par une obsession de la musculature plutôt que de la minceur. On parle alors d’anorexie inversée ou de dysmorphie musculaire. Mes patients masculins souffrant d’anorexie mentale ont souvent le même parcours . L’anorexie se présente fréquemment comme la conséquence d’un traumatisme lié à un surpoids dans le passé associé fréquemment à du harcèlement scolaire ou extrascolaire ou des moqueries intrafamiliale.
Anorexie inversée (ou dysmorphie musculaire) : Plutôt que de chercher la minceur extrême, certains hommes deviennent obsédés par l’idée d’augmenter leur masse musculaire. Cette forme d’anorexie, aussi appelée « bigorexie », se caractérise par :
- Une perception déformée de leur corps, se voyant toujours trop « petit » ou pas assez musclé
- Des régimes hyper-protéinés et des séances d’entraînement excessives
- L’utilisation fréquente de suppléments ou de stéroïdes anabolisants
Anorexie athlétique : Courante chez les athlètes masculins, en particulier dans les sports où le poids est crucial (comme la lutte ou la course de fond). Elle se caractérise par :
- Une restriction calorique sévère combinée à un exercice intensif
- Une obsession pour la performance sportive au détriment de la santé
3.2 Boulimie nerveuse chez l’homme
La boulimie chez les hommes présente souvent les particularités suivantes :
- Méthodes compensatoires différentes : Les hommes ont plus tendance à utiliser l’exercice excessif comme méthode compensatoire, plutôt que les vomissements ou les laxatifs.
- Épisodes de frénésie alimentaire plus importants : En moyenne, les hommes boulimiques consomment plus de calories lors des crises que les femmes.
- Lien avec les troubles de l’humeur : La boulimie masculine est souvent associée à des problèmes de dépression ou d’anxiété.
- Boulimie et sports de combat : Fréquente chez les lutteurs ou les boxeurs qui doivent maintenir un poids spécifique pour leur catégorie.
3.3 Hyperphagie boulimique chez les hommes
L’hyperphagie boulimique est le TCA le plus courant chez les hommes et peut même être associée à une forme d’addiction à certains aliments. Cela peut commencer dès l’adolescence. Il y a une recherche d’apaisement, d’anesthésier une grande anxiété ou bien de la colère ou encore de la frustration. On retrouve souvent en consultations des profils HPI, comme d’ailleurs chez les hommes souffrant d’anorexie ou d’orthorexie.
Ses caractéristiques incluent :
- Épisodes de suralimentation : Consommation d’une grande quantité de nourriture dans un court laps de temps, souvent en secret.
- Absence de comportement compensatoire : Contrairement à la boulimie, il n’y a pas de purge ou d’exercice excessif après les crises.
- Lien avec l’obésité : L’hyperphagie boulimique est souvent associée à un surpoids ou une obésité chez les hommes.
- Facteurs déclencheurs émotionnels : Le stress, l’ennui ou la dépression sont souvent à l’origine des crises.
C’est le TCA le plus courant chez les hommes. Il se caractérise par des épisodes de consommation excessive de nourriture, sans comportement compensatoire.
3.4 Orthorexie masculine
L’orthorexie, bien que non officiellement reconnue comme un TCA distinct, est de plus en plus observée chez les hommes :
- Obsession pour l’alimentation « saine » : Préoccupation excessive pour la qualité et la pureté des aliments consommés.
- Lien avec la culture du fitness : Souvent associée à une pratique intensive du sport et à la recherche de performance.
- Restrictions alimentaires sévères : Élimination de groupes entiers d’aliments considérés comme « malsains ».
- Impact social : Isolement social dû aux habitudes alimentaires restrictives.
3.5 Troubles alimentaires atypiques chez les hommes
Certains hommes développent des formes de TCA qui ne correspondent pas exactement aux catégories diagnostiques standard :
- Chewing and spitting (mastication et crachat) : Consiste à mâcher les aliments sans les avaler, souvent observé chez les bodybuilders ou les mannequins hommes.
- Pica : Ingestion de substances non nutritives (comme la terre ou le papier), parfois liée à des carences nutritionnelles.
- Syndrome d’alimentation nocturne : Caractérisé par des épisodes récurrents de consommation alimentaire nocturne.
Implications pour le diagnostic et le traitement :
La diversité des manifestations des TCA chez les hommes souligne l’importance d’une approche personnalisée dans le diagnostic et le traitement. C’est pour cette raison que je me suis formée à reconnaître et à traiter ces variantes spécifiques pour offrir une prise en charge adaptée.
De plus, la sensibilisation du grand public à ces formes masculines de TCA est cruciale pour encourager les hommes à reconnaître leurs symptômes et à chercher de l’aide sans honte ni stigmatisation. L’obsession pour une alimentation « saine » touche particulièrement les hommes, souvent en lien avec la pratique intensive du sport.
4. Facteurs de risques spécifiques aux hommes
Plusieurs facteurs contribuent au développement des TCA chez les hommes :
- Pression sociale pour atteindre un idéal corporel musclé et athlétique
- Participation à des sports exigeant un contrôle du poids (lutte, gymnastique, course de fond)
- Environnement familial dysfonctionnel ou traumatismes dans l’enfance
- Orientation sexuelle et identité de genre (les hommes LGBTQ+ sont plus à risque)
- Utilisation de stéroïdes anabolisants et autres substances pour modifier l’apparence corporelle
Je vous invite à consulter le site suivant : Harvard Health Publishing – Eating disorders in men: Underdiagnosed and undertreated – https://www.health.harvard.edu/blog/eating-disorders-in-men-underdiagnosed-and-undertreated-2018110615272)
5. Obstacles à la reconnaissance et au diagnostic
Les hommes souffrant de TCA font face à de nombreux obstacles :
5.1 Stigmatisation sociale
Les TCA sont souvent perçus comme des « problèmes de femmes », ce qui peut empêcher les hommes de reconnaître leurs symptômes ou de chercher de l’aide.
5.2 Manque de sensibilisation des professionnels de santé
De nombreux médecins ne sont pas formés à reconnaître les signes de TCA chez les hommes, conduisant à des diagnostics erronés ou tardifs.
5.3 Critères diagnostiques biaisés
Les critères actuels pour diagnostiquer les TCA sont souvent basés sur des symptômes typiquement féminins, ce qui peut conduire à sous-diagnostiquer les hommes.
5.4 Honte et déni
Les normes de masculinité traditionnelles peuvent pousser les hommes à cacher leurs difficultés et à ne pas demander d’aide.
6. Impact sur la santé physique et mentale
- Problèmes cardiaques et ostéoporose dus à la malnutrition
- Déséquilibres hormonaux et baisse de la libido
- Risque accru de dépression et d’anxiété
- Isolement social et difficultés relationnelles
- Complications liées à l’obésité dans les cas d’hyperphagie boulimique
7. Témoignages et parcours de guérison
« J’ai longtemps cru que mon obsession pour le fitness était normale. Ce n’est que lorsque j’ai frôlé l’arrêt cardiaque à cause de mon régime draconien que j’ai réalisé que j’avais un problème et que j’ai pris la décision de demander de l’aide, sans trop y croire au début. Pourtant c’est la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie » – Thomas, 28 ans, en rémission d’anorexie inversée.
« La boulimie était ma façon de gérer le stress. Je me sentais tellement honteux que je n’en ai parlé à personne pendant des années. Avoir fait ce travail avec Christelle pour me libérer de ce poids physique, mentale et psychologique m’a sauvé la vie » – Marc, 35 ans, guéri de boulimie
Ces histoires soulignent l’importance de la sensibilisation et de l’accès aux soins pour les hommes souffrant de TCA.
8. Conclusion : Vers une meilleure compréhension des TCA
masculins
Il est crucial de continuer à sensibiliser, à former et à adapter nos approches pour que chaque personne souffrant de TCA puisse recevoir l’aide dont elle a besoin, sans honte ni jugement. Les hommes atteints de TCA méritent d’être vus, entendus et soutenus dans leur parcours vers la guérison.
En tant que société, nous avons la responsabilité collective de créer un environnement où la santé mentale et le bien-être de tous sont prioritaires, au-delà des stéréotypes de genre. C’est seulement ainsi que nous pourrons espérer réduire l’impact dévastateur des TCA sur la vie des hommes.
En tant que professionnelle et experte des TCA, je constate que la honte et l’orgueil sont les deux obstacles qui retardent la prise en charge des hommes souffrant de TCA. Je tiens seulement à rajouter que l’on peut se libérer des TCA, et que le jugement n’a pas sa place dans ce processus de guérison.
N’hésitez pas à me contacter pour en parler ou pour une première consultation.
Christelle Kaplan
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