Alcoolorexie : causes et solutions, soirée festive avec consommation d’alcool

Alcoolorexie : causes, symptômes et solutions | TCA Thérapie

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Alcoolorexie : quand le contrôle alimentaire et l’alcool se croisent

Lorsqu’on parle de troubles du comportement alimentaire (TCA), les premiers mots qui viennent à l’esprit sont souvent anorexie ou boulimie. Ces deux troubles sont en effet bien identifiés et médiatisés, même si la souffrance des personnes concernées reste encore trop souvent minimisée.
Pourtant, il existe d’autres formes de TCA, plus discrètes, méconnues et donc invisibilisées. Parmi elles, l’alcoolorexie, également appelée drunkorexia, interpelle de plus en plus les professionnels de santé.

En tant que Psychothérapeute spécialiste TCA, je rencontre de plus en plus fréquemment des patients et patientes souffrant de ce trouble. Il concerne surtout les jeunes adultes, souvent étudiants, qui jonglent entre deux exigences contradictoires : garder une silhouette mince tout en participant à des soirées fortement marquées par l’alcool.
L’alcoolorexie se traduit par une restriction volontaire de l’alimentation afin de “compenser” les calories ingérées sous forme d’alcool. Certaines personnes vont même jusqu’à boire à jeun pour ressentir plus vite les effets de l’alcool, augmentant ainsi considérablement les risques pour leur santé.

Au-delà du simple « comportement festif », l’alcoolorexie est une véritable conduite à risque, située à la croisée des TCA et des addictions. Dans cet article, nous allons :

  • Définir ce qu’est l’alcoolorexie et la distinguer des autres troubles alimentaires,
  • Explorer ses causes et ses dangers,
  • Identifier les signes d’alerte,
  • Proposer des pistes d’accompagnement thérapeutique.

Si vous vous reconnaissez dans cette description, ou si vous craignez qu’un proche soit concerné, sachez qu’il existe des solutions et qu’une aide spécialisée peut transformer la situation.

Qu’est-ce que l’alcoolorexie ?

Le mot alcoolorexie est apparu récemment dans le langage médical et psychologique. Il s’agit d’une contraction entre “alcool” et “anorexie”, qui décrit une pratique consistant à réduire ou supprimer ses repas dans le but de compenser les calories apportées par l’alcool.
En clair, une personne souffrant d’alcoolorexie va volontairement se priver de nourriture, parfois toute la journée, afin de « réserver ses calories » pour une soirée où elle prévoit de boire. Cette restriction alimentaire n’a rien d’anodin : elle repose sur la croyance erronée que l’alcool peut remplacer la nourriture, ou qu’il est moins grave d’ingérer des calories par l’alcool que par l’alimentation.

Ce comportement est dangereux à plusieurs titres :

  • Boire à jeun accentue les effets de l’alcool, avec un risque accru de perte de conscience, d’accidents ou de comportements à risque,
  • La privation alimentaire entraîne rapidement des carences et des troubles métaboliques,
  • Le mélange entre contrôle extrême et perte de contrôle (ivresse) crée un cercle vicieux difficile à rompre.

Pour une définition claire et synthétique, vous pouvez consulter la page Wikipédia dédiée à l’alcoolorexie.

Alcoolorexie, anorexie et boulimie : quelles différences ?

L’alcoolorexie n’est pas une anorexie classique, ni une simple boulimie, même si elle partage certains mécanismes avec ces troubles.

  • L’anorexie mentale est caractérisée par une restriction volontaire stricte, une peur intense de grossir et une image corporelle déformée. La personne limite drastiquement ses apports alimentaires pour contrôler son poids.
  • La boulimie se manifeste par des crises alimentaires incontrôlées, suivies de comportements compensatoires (vomissements provoqués, sport intensif, laxatifs).
  • L’alcoolorexie, elle, combine ces deux dimensions : la restriction alimentaire existe, mais elle n’est pas motivée uniquement par la peur de grossir. Elle est aussi justifiée par la volonté de pouvoir consommer de l’alcool sans prendre de poids, voire d’en ressentir plus rapidement les effets.

L’alcoolorexie est donc un trouble hybride, à la frontière entre TCA et addiction. C’est cette particularité qui la rend particulièrement préoccupante : elle cumule les risques des deux univers.

 Qui est concerné par l’alcoolorexie ?

Les études montrent que ce phénomène touche surtout les jeunes adultes, en particulier les étudiants.
Dans ce contexte de vie sociale intense, la pression est double :

  • Répondre aux standards de minceur très présents dans notre société,
  • S’intégrer socialement en participant aux soirées où l’alcool circule abondamment.

Une enquête américaine a révélé que près de 20 % des étudiants déclarent avoir sauté un repas dans le but de « compenser » les calories de l’alcool consommé le soir même. En France, Santé Publique France alerte régulièrement sur l’augmentation de la consommation d’alcool chez les jeunes, même si l’alcoolorexie reste encore peu étudiée.

Mais ce trouble ne concerne pas uniquement les étudiants. Certaines personnes adultes, parfois déjà fragilisées par des antécédents de TCA ou d’addictions, peuvent également développer ce comportement.

Les dangers de l’alcoolorexie

L’alcoolorexie est loin d’être une « habitude sans conséquence ». Ses effets peuvent être graves, tant sur le plan physique que psychologique et social.

1. Risques physiques2. Risques psychologiques3. Risques sociaux
Carences alimentaires sévères (vitamines, minéraux, protéines).Culpabilité et honte liées au comportement alimentaire.Difficultés scolaires ou professionnelles liées à la consommation.
Risque accru de troubles digestifs et hépatiques (gastrite, pancréatite, cirrhose).Aggravation de troubles anxieux ou dépressifs.Mise en danger dans des situations sociales : rapports sexuels non protégés, violences, accidents de la route.
Hypoglycémies, évanouissements et malaise lors des soirées.Cercle vicieux : restriction → ivresse → culpabilité → restriction.Isolement progressif, sentiment d’incompréhension de l’entourage.
Fatigue chronique, baisse de concentration, affaiblissement immunitaire.Risque de développer une véritable dépendance à l’alcool.

 En clair : l’alcoolorexie expose à la double peine des TCA et de l’addiction.C’est un trouble qu’il ne faut pas prendre à la légère, ni penser qu’il correspond à un moment particulier de la vie. Les TCA et les comportement addictif sont des troubles de la santé mentale extrêmement dangereux .

 Pourquoi développe-t-on l’alcoolorexie ?

Les causes de l’alcoolorexie sont multiples et entremêlées :

  • Facteurs sociétaux : le culte de la minceur, la glorification de la performance et la normalisation des excès festifs favorisent l’apparition de ce trouble.
  • Facteurs psychologiques : anxiété sociale, besoin de contrôle, estime de soi fragile. Beaucoup de jeunes décrivent une peur de prendre du poids, combinée à une forte pression pour « être de la fête ».
  • Facteurs biologiques : la restriction alimentaire et l’alcool modifient les neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine), renforçant le comportement compulsif.
  • Facteurs contextuels : vie étudiante, colocation, pression du groupe, initiation à l’alcool très jeune.

Autrement dit : l’alcoolorexie n’est pas un « caprice », mais le résultat d’un ensemble de vulnérabilités psychiques et sociales.

Comment reconnaître l’alcoolorexie ?

Voici quelques signaux qui doivent alerter :

  • Sauter volontairement des repas avant une soirée.
  • Dire fréquemment « je préfère boire mes calories ».
  • Boire à jeun pour ressentir plus rapidement l’ivresse.
  • Présenter un amaigrissement inexpliqué.
  • Consommer régulièrement de grandes quantités d’alcool, même en dehors des soirées.
  • Se sentir coupable ou honteux après coup.

 Si ces comportements se répètent, il est important de consulter un professionnel afin d’évaluer la situation.

Comment sortir de l’alcoolorexie ?

La prise en charge de l’alcoolorexie doit être globale et pluridisciplinaire.

1. Consultation spécialisée
La première étape est de rencontrer un psychothérapeute spécialisé TCA, qui pourra établir un diagnostic précis et proposer un parcours adapté. Mon approche thérapeutique mêle la psychothérapie qui permet de se libérer de se libérer des fausses croyances et des émotions polluantes, avec la nutrithérapie qui permet de se réapproprier une relaton saine entre soi, la nourriture et le corps.

2. Psychothérapie
– Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) permettent de travailler sur les croyances erronées (calories, image du corps).
– L’hypnose ericksonienne aide à gérer les compulsions et à apaiser l’anxiété.
– La thérapie centrée sur les émotions (EFT) permet de travailler sur la honte, le sentiment d’exclusion et la régulation émotionnelle.

3. Approche médicale et nutritionnelle
– Suivi médical pour contrôler l’état général et prévenir les complications.
– Accompagnement nutritionnel non restrictif : réapprendre à manger régulièrement, sans peur des calories. La nutrithérapie est particulièrement adaptée pour retrouver une relation saine et équilibrée avec la nourriture et son corps.

Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez ici

L’alcoolorexie n’est pas une « mode » ou une « simple habitude festive ». C’est un trouble du comportement alimentaire sérieux, qui peut mettre en danger la santé et la vie sociale.
Le reconnaître et en parler est déjà une première étape vers la guérison.

Si vous vous reconnaissez dans cet article, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Avec un accompagnement adapté, il est possible de sortir de ce cercle vicieux et de retrouver une relation sereine avec l’alimentation et la vie sociale.

Je propose des consultations spécialisées TCA en téléconsultation, où que vous soyez. Ensemble, nous pouvons comprendre vos difficultés et trouver des stratégies concrètes pour avancer.

Ressources utiles
FAQ sur l’Alcoolorexie

Pas exactement. L’alcoolorexie partage des points communs avec l’anorexie (restriction alimentaire, peur de prendre du poids), mais elle se distingue par la consommation volontaire d’alcool en remplacement de la nourriture. Elle se situe donc à la croisée entre un trouble alimentaire et une conduite addictive.

Les risques sont multiples :
– physiques (carences, hypoglycémie, atteintes du foie et du système digestif),
– psychologiques (culpabilité, anxiété, dépression),
– sociaux (isolement, comportements à risque, échec scolaire ou professionnel).
En cumulant les conséquences des TCA et de l’alcoolisme, l’alcoolorexie peut avoir des effets graves si elle n’est pas prise en charge.

Certains signes doivent alerter :
– sauter des repas avant une soirée,
boire à jeun pour ressentir plus rapidement les effets,
– parler de « compenser les calories de l’alcool »,
– présenter une perte de poids inexpliquée,
– consommer régulièrement de l’alcool malgré une alimentation restreinte.
Si vous vous reconnaissez dans ces comportements, il est recommandé de consulter un professionnel spécialisé.

Non. Même si l’alcoolorexie est plus fréquente dans les milieux étudiants, elle peut concerner toute personne soumise à une double pression : garder une silhouette mince tout en maintenant une vie sociale festive. Des adultes déjà fragilisés par des TCA ou des antécédents d’addiction peuvent également développer ce trouble.

Oui, avec un accompagnement adapté. La guérison passe par :
une psychothérapie spécialisée TCA (TCC, hypnose, thérapies centrées sur les émotions, nutrithérapie),
un suivi médical et nutritionnel,
parfois une prise en charge en addictologie.
Le pronostic est d’autant plus favorable que le trouble est reconnu tôt et que la personne bénéficie d’un soutien pluridisciplinaire.

– Écoutez sans juger, évitez les remarques sur son corps ou sa consommation.
– Encouragez-le à consulter un professionnel spécialisé.
– Informez-vous sur les TCA pour mieux comprendre son vécu.
Proposez un soutien concret : accompagnement à un rendez-vous, recherche d’un thérapeute, aide logistique.
Le plus important est de ne pas minimiser la souffrance et de rappeler qu’une aide existe.

La première étape est de consulter un psychothérapeute spécialisé dans les TCA. Selon les besoins, d’autres professionnels peuvent intervenir :
médecin généraliste,
addictologue.
Une prise en charge pluridisciplinaire est souvent la plus efficace.

Vous pensez être concerné par l’alcoolorexie, ou vous vous inquiétez pour un proche ?
N’attendez pas que la situation s’aggrave. Un accompagnement spécialisé peut vous aider à retrouver une relation saine avec la nourriture, l’alcool et vous-même.

Christelle Kaplan


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